OUTILS DE LA LANGUE ET CREATION D’ECRITS
Ah les homophones, cette “classe grammaticale” qui n’existe pas, uniquement créée pour les élèves, et leurs professeurs … Depuis plus de 40 ans, on sait que les “apprendre” en les opposant deux à deux, voire plus parfois, ça ne SERT A RIEN… Les élèves (les obstinés) s’entêtent à confondre le verbe avoir avec la préposition, le “er” de l’infinitif avec le “ez” du vous, et pire encore (là, vos cheveux se dressent sur votre tête), avec les terminaisons de l’imparfait… Débutante, en CM2, j’avais fait une belle leçon sur “si et s’y”… parce que c’était au programme… Résultat des courses, tous les élèves qui n’avaient jamais confondu les deux orthographes les confondaient dès le lendemain, et les autres, rien n’avait bougé ! Alors, on peut faire autrement ? Et bien oui…
Deux très bons documents en téléchargement pour vous aider à bouleverser vos représentations, à repenser vos séances…
➡ M3.2.1-Les-homophones-des-mots-qui-n’ont-pas-de-classe
➡ travailler_l_orthographe_et_la_grammaire_a_partir_de_textes_poetiques
Un coup d’oeil sur les 10 recommandations phares du jury, et pour aller plus loin, en équipe, retrouvez en téléchargement, le dossier de synthèse avec les recommandations très détaillées, ainsi que les conférences (clic sur l’image, puis clic sur “Paroles d’expert” pour visionner les conférences) C’est véritablement passionnant et suffisamment “concret” pour avoir envie de se lancer, à plusieurs, dans cette belle aventure de l’écrit.
➡ 180411_Dossier-synthese_CC_Ecrire_rediger
Retrouvez mes “coups de coeur” des conférences
Les ateliers d’écriture ne sont pas réservés aux seuls élèves du primaire… Voici 44 ateliers d’écriture pour les plus grands, cycle 4 et LP.
Bravo aux auteurs.
➡ 44-petits-ateliers-d-ecriture
Tout plein d’idées pour une progression d’écriture en cycle 3 réalisée par Laurent Gourvez, conseiller pédagogique en Bretagne. Même si le référentiel programme n’est plus le même, les idées restent, et répondent toujours aux habiletés scripturales à développer chez nos élèves.
Une progression qui prend appui sur le “Ecrire” décomposé et qui alterne “écriture courte et écriture longue” tout en prenant en compte les différentes unités linguistiques. Vraiment bien !
➡ Redaction_C3_Laurent_Gourvez
Ecrire un livre d’histoires
Créer un texte à partir d’une image, en CE1, à Ste Marthe (Fénelon-Grasse), dans la classe de Béatrice Broggi.
Faire vivre aux élèves la belle aventure de la liberté d’écrire, leur permettre de découvrir qu’ils sont “maîtres” de leurs idées, que c’est à eux de décider du destin de leurs personnages, des aventures qu’ils vont vivre, des mots qu’ils vont choisir, du lieu, du temps… Grisant !
Nous sommes convaincues toutes les deux (nous ne sommes pas les seules, bien sûr !) qu’écrire, ça s’apprend. Nos petiots de 7, 8 ans, apprentis lecteurs ont un passé récent avec “la langue écrite”, et pour peu que “la langue orale” soit fragile, on comprend mieux la nécessité de les équiper du matériel lexical, syntaxique afin qu’ils deviennent de plus en plus autonomes face à l’écrit.
Leur capacité à imaginer, la nourriture d’histoires offertes en classe et l’insatiable curiosité qu’ils nous montrent feront le reste…
Tout a commencé lorsqu’Alexandra Beausire, prof de lettres-histoire à Don Bosco, m’envoie un document pour un concours d’écriture qu’elle veut proposer à ces élèves de seconde. Il s’agit de choisir une image et d’inventer une histoire à partir de celle-ci… Elle m’envoie le diaporama qu’elle a réalisé à partir des images données par les organisateurs du concours.
➡ Concours écriture
Trop tard pour le concours, mais l’idée de partir d’un déclencheur image fait son chemin pour nos petits CE1.D’autant plus que ces images nous paraissent pour la plupart tout à fait adaptées à l’univers et l’âge des élèves.
Béatrice et moi montons une première séquence que je vous résume ainsi :
- Présentation des images (projection à l’écran)
- Choix individuel de “mon image préférée pour écrire une histoire”.
➡ jefaislechoix - Questionnaire pour expliquer son choix. (Le texte est adapté pour tous : lexia 14 avec espacement des caractères, et certaines syllabes en gras. Pour deux ou trois enfants, nous aidons à la lecture).
➡ QuizzSéance1imagepourecrire - Temps de dénotation par groupe de choix d’images : que voit-on sur l’image, au premier plan, à l’arrière-plan…
- Temps de connotation, toujours par groupe : “cette image me fait penser à …..”, “on pourrait croire que …..”, “elle pourrait raconter l’histoire de ….”
Nous constatons alors (on s’y attendait un peu, mais bon…) que les élèves ne parviennent pas à “décoller” de ce qu’ils voient, qu’ils brident leur imaginaire, ou que leur imaginaire est bridé ?
Nous décidons alors de nous adapter en montant une séance d’écriture collective pour que les élèves aient une représentation plus précise du produit fini, afin qu’ils se rendent compte du décalage entre un énoncé oral et un énoncé écrit.
Là encore, nous partons d’une image choisie avec soin (nous sommes début décembre, et la classe est en projet de partir en classe “blanche”). L’image est projetée au tableau. Un paper board servira “de brouillon collectif”…
L’observation en silence, puis le temps de dénotation seront riches. Les enfants voient des détails précis (les traces de roues sur le chemin, que quelques uns nommeront “sentier”, la lumière qui semble émaner d’une habitation tout à fait à gauche, en haut… l’oiseau et son bonnet…) ; c’est l’occasion aussi pour nous de réinvestir le vocabulaire de localisation appris en géographie.
Le tout est écrit sur une grande affiche que nous garderons précieusement comme banque de mots pour l’aide à l’écriture.
Arrive le temps de la création de l’histoire. Lors de la connotation, les enfants se sont mis d’accord sur l’idée générale du récit qu’ils veulent inventer : “ça serait l’histoire d’un monsieur et de son oiseau apprivoisé qui irait dans un château”…. Pour l’instant, on ne sait pas très bien ce qu’il va y faire ! Mais nous faisons le choix, Béatrice et moi de laisser les idées venir au fur et à mesure de l’écriture.
Nous serons volontairement, résolument directives et explicites sur le choix des mots, et la syntaxe. Notre idée est que quelques tournures de phrases et les connecteurs logiques soient clairement identifiés. Cette première création d’écrit long doit être modélisable.
Pour solliciter les enfants, j’utilise volontiers les phrases du type :
“Avec quelle phrase pourrions-nous commencer pour dire quand se passe l’histoire que vous allez inventer ?” Selon leurs réponses, et la tournure à améliorer, je leur fais des propositions d’amélioration en reprenant les leur.
Par exemple, pour le début, les enfants ont bien dit que c’était la nuit, et que l’on était en hiver mais ils n’arrivent pas à les associer pour former le groupe nominal enrichi “Une nuit d’hiver” ou “Par une nuit d’hiver”. En les leur proposant, à l’écoute, ils reconnaissent des tournures déjà lues ou entendues et parviennent à choisir à bon escient.
Nous progressons tranquillement, les idées fusent. La classe ayant l’habitude de travailler en coopération, le climat est à la tolérance et au respect des idées des autres. Le consensus se fait bien.
Nous serons très guidantes pour “le style” tout en laissant la spontanéité de la formule propre à des enfants de 7/8 ans…
L’histoire sera écrite en 2 séances avec passion. Puis lue et relue… Pour les élèves dont la lecture n’est pas fluide, lire un texte écrit par soi, c’est une révélation : “C’est comme si les mots coulaient tout seuls !”, pour d’autres, le texte est su par cœur et ils se font une joie de le réciter…
Afin de consolider l’enchainement des actions et la notion de “cohérence” du récit, nous montons une séance en coopération. Par groupe de 4, les élèves ont chacun un bout ou plusieurs morceaux de l’histoire. Chaque membre de l’équipe lit “son morceau” aux autres puis ils se mettent d’accord sur la place qu’il occupe dans l’histoire.
Nous circulons et observons,questionnons sur ce qui justifie telle ou telle “place”. Bien sûr, la mémoire du texte joue, mais pas pour tous, loin de là. Le texte est le bienvenu pour la réactiver. Nous pouvons montrer à nos jeunes écrivains combien l’écrit est important pour “faire mémoire”…
Vous l’aurez remarqué, par la dictée à l’adulte, nous avons fait le choix de décharger les élèves des contraintes orthographiques. Ainsi, tous les élèves y trouvent leur compte et peuvent se consacrer au choix des mots, à l’articulation des idées, et bien sûr au déroulement de l’histoire et à ses péripéties…
Viendront ensuite deux séances pour bâtir des “soleils de mots”… un moyen imagé d’accroitre le lexique des élèves : Nous avions commencé notre histoire par
“Une nuit d’hiver”, et avons cherché ensemble d’autres groupes de mots qui pourraient débuter un récit. “Un homme marchait”, qui aurait pu marcher ? Il “marchait” qu’aurait-il pu faire d’autre ? Nous avons construit le premier soleil de mots ensemble, puis les avons laissé faire ensuite, tout seuls, ou à deux… Activité cognitive intense, ruche dans la classe. Stylo en l’air, les élèves pensent… Certains ont plus de difficulté à “convoquer” le mot, alors, on passe par le corps pour mimer, et le mot arrive…
➡ soleilmotséance4
Nous arrivons maintenant à la création d’un écrit, seul(e), à partir de l’image choisie et observée lors de la première séquence.
Nous prenons le parti de ne pas les faire écrire tous en même temps, nous savons que certains seront plus à l’aise en dictée à l’adulte, que d’autres auront besoin d’un fort étayage, et que nous allons passer à côté de quelque chose d’important si nous ne nous donnons pas du temps.
Ainsi, je prends les enfants par 3 ou 4, avec leur image, une ardoise, un brouillon, ou mon ordi et c’est parti pour la création, la recherche du mot juste, de son orthographe, et du temps utilisé. Les élèves s’expriment au passé…Nous les laissons faire ! le passé simple alterne le plus souvent et “justement” avec l’imparfait. Ce sont les histoires entendues à la maison et en classe qui ont laissé leurs empreintes ! Bon, de temps en temps, “il disa”, “il entenda”, il “maita” font irruption, mais dès que je leur propose le choix entre les deux formulations, la leur et “la bonne”, ils savent discriminer la désinence qui convient. Nous pouvons réaliser, avec Béatrice, combien ils réinvestissent les connecteurs de temps, et combien ils veillent au choix des mots et aux “répétitions”, les pronoms de reprise sujet sont utilisés judicieusement. Les pronoms compléments beaucoup moins ! Mais quand je leur en fais la proposition, ils parviennent tout à fait à identifier ce que désigne ce substitut.
Les 24 autres élèves sont en activité d’écriture avec Béatrice, par le biais des images de la grammaire en 3 D, ils s’entrainent à produire des phrases cocasses, étranges, ou juste “rigolotes”, ils s’entrainent à la lecture rapide avec des mots mêlés, des mots croisés, des mots cachés… Et bien sûr la séance commence toujours par la lecture des histoires produites la semaine d’avant.
“Pauses théoriques” : Extraits d’un excellent article à découvrir ici.
Vous vous en doutez, un recueil de toutes ces histoires est en préparation !
Où l’on peut lire dans l’histoire qu’Adélaïde a écrite (en grande partie en autonomie, ce n’est qu’à la fin qu’elle m’a demandé d’être “sa secrétaire”…) les tournures et les enchainements réinvestis de la première écriture collective.
Celui qui prend le plus d’images dans le magasin de la mémoire est celui qui a le plus d’imagination. Voltaire
A tester, peut-être en accompagnement personnalisé, en atelier différencié, en APC … (cycles 3 et 4) à vous de voir… une autre façon de voir les dictées, le parcours est présenté comme les séries télévisées dont beaucoup raffolent, par saison. L’environnement est clair et la navigation aisée. La voix qui dicte est très audible et les textes classés par difficulté, comme les pistes de ski, mais aussi par difficulté orthographique et/ou par thème. Une vidéo permet de s’auto-corriger. L’élève ou l’adulte peut avoir ensuite accès au texte de la dictée. On peut la faire “à la main” ou au clavier… Je suis allée y faire un tour, tout en n’étant pas du tout fan de ce type d’exercice… et j’y ai vu plein de possibilités pour différencier voire même pour l’inclure dans une séquence en classe inversée… Clic sur l’image.
Un nouveau dictionnaire, le Diclé (Sybille GRANDAMY en est l’auteur, Danielle Manesse et André Ouzoulias en sont les conseillers scientifiques), édité chez Retz, « Découvrez notre Dictionnaire pour Lire et pour Écrire (Diclé), conçu et pensé pour accompagner des élèves de cycle 3 et des jeunes en difficulté scolaire dans leur appropriation du langage français écrit.
Il comporte environ 7000 mots essentiels du français courant, définis simplement, et se compose de deux parties pour deux situations de recherche différentes :
Présentation complète, pour en savoir plus. Je vous le conseille, c’est un vrai outil abordable voire incontournable !!
➡ . Qu’est-ce que le Diclé ?
Dictées imagées : Lexique pauvre, syntaxe défaillante, difficultés à graphier…. autant de raisons pour que nos élèves n’aiment pas cette activité (elle en fait couler de l’encre, d’ailleurs, cette dictée !) et pourtant nos élèves doivent apprendre à écrire sous la dictée.
Pourquoi ?
– parce que c’est un bon exercice de transfert
– parce que certaines situations de leur vie future les “obligera” à écrire sous la dictée et à communiquer leur écrit.
– parce que cet exercice (oui, j’ai bien écrit exercice) peut être modulé à l’infini et qu’il peut devenir “un jeu”
– parce qu’il peut contribuer à améliorer la mémoire de travail
– parce que c’est dans les textes
– parce qu’il y a une dictée au brevet
… un exemple testé en classe ULIS de dictée imagée, avec un préalable d’hypothèses sur “De quoi ça va parler ?”, avec un diaporama d’images reprenant le thème de la dictée et qui permet de constituer une banque de mots que, peut-être, on va retrouver dans le texte. Ce temps d’exploration (similaire aux hypothèses de lecture que l’on peut faire grâce à la première de couverture d’un album ou d’un roman) met également les élèves en “appétit” de découvrir “cette histoire”….
La préparation se fait ensemble, est reprise à la maison et à nouveau en classe.
Quand les élèves sont prêts (3 propositions de moments, échelonnées sur 1 semaine ou 2) :
– dictée en intégral, l’élève écrit tout (groupe “expert”)
– dictée par phrase, l’élève n’a pas à écrire tout d’un coup (groupe “apprenti”)
– dictée lacunaire sur support, l’élève suit le rythme mais n’écrit que ce qui manque (groupe débutant). On peut encore différencier à l’intérieur de ce même groupe, et adjoindre les images pour déclencher la graphie du mot.
Un exemple, dictéen06
Pour fabriquer soi-même ses propres mots mélés, c’est ici
Le manuel avec les 200 dessins n’est plus disponible en téléchargement libre puisqu’il a été édité. A commander pour Noël !
Une banque d’images libres de droit, c’est ici
Toujours le CNESCO, mais cette fois-ci pour une conférence en vrai, comme celle sur la numération, la lecture, le redoublement…. Le sujet en est LA PRODUCTION DE l’ECRIT… Ouverture des inscriptions aux conférences, le 10 janvier 2018 à partir
de 10 H 00.
C’est à Paris, les 14 et 15 mars prochains. En général, les conférences y sont de grande, grande qualité et les questions passionnantes.
Prévoyez du temps pour explorer toutes ces pistes d’écriture proposées (et testées pendant plus de 10 ans en cycle 3). En atelier, en individuel, en coopération, écrits courts, écrits longs… Différenciation possible et surtout plaisir d’écrire ! CLIC sur l’image pour accéder aux activités. Elles sont modifiables, partageables à partir de la source, grâce au logiciel Canoprof que vous pouvez télécharger (compatible windows, IOS, Linux)… Là encore, des ressources insoupçonnées vous attendent !
ECRIRE LA SUITE ET LA FIN D’UN FABLIAU (5ème)
Merci à Marie-Laure, professeure de français dans un collège cannois de partager avec nous le support qu’elle a bâti pour permettre à tous les élèves de sa classe de s’approprier le vocabulaire spécifique de ce fabliau, point de départ à une double activité d’écriture :
– Rédiger les critères de réussite à respecter pour écrire la suite et la fin d’un fabliau ;
– Ecrire la suite et la fin.
Tous les élèves ont eu accès à la présentation en images afin de lever les obstacles lexicaux.
Les élèves “dys” ont eu l’ensemble des documents avec les images et les textes adaptés.
Le temps d’écriture des critères s’est fait par groupes de 4 (afin de libérer les compétences langagières orales pour les élèves “troublés” à l’écrit).
Le temps d’écriture de la suite et de la fin sera individuel après l’élaboration d’une banque de mots. Possibilité de dictée à l’adulte pour les plus en difficulté.
Le texte entier, aménagé : police Lexia, 14, interligne 1.5, espacement des caractères, justifié.
➡ LE CURE QUI MANGEA DES MURES
Des images séquentielles plus que vous ne sauriez en espérer, c’est ici ! Développer, enrichir le vocabulaire, apprendre à “dire” le temps, ou à l’écrire (utiliser les connecteurs temporels), renforcer le lexique à partir d’un thème (enrichissement du champ lexical), aider l’élève à “se faire une image”… les utilisations ne manquent pas ! Et ce jusqu’au cycle 3 (en choisissant, bien sûr).
En partage, une séance d’exercices de consolidation avec un petit groupe d’élèves d’ULIS collège plutôt autonomes en lecture, sur une semaine, tous les jours, à propos des connecteurs temporels ; où les images séquentielles agissent comme des lanceurs d’écriture. Tout n’est pas donné en même temps. La banque de mots est à disposition dans leur référent. L’espacement est de 2.5 entre les lettres. Pour une des élèves, utilisation de la police “dys”.
➡ utiliserlesconnecteurs