Mettre en oeuvre la différenciation en EPS est une démarche plus qu’intéressante. Parfois (un peu comme en classe maternelle), on a l’impression de différencier par l’organisation du travail en ateliers mais au final, tout le monde fait la même chose avec les mêmes degrés de maîtrise de la compétence à construire pour tout le monde.
L’utilisation du numérique + l’envie de différencier, ça donne un dispositif vraiment intéressant que l’on doit à Alban Henry, retrouvez le détail du scénario pédagogique, ici !
Suite à cet article, un témoignage d’un professeur d’EPS en collège et en lycée à l’Institut Fénelon, à Grasse, Benjamin Giachino. Merci à lui !
“Merci Anne, ça fait fait réfléchir, c’est très intéressant et on peut voir les conséquences positives pour les élèves. C’est sûr par contre qu’il faut un énorme travail et des compétences en amont pour gérer l’aspect technique et informatique (les QR codes à créer ?? Placement de vidéos, liens, montages). L’idée pratique, rapide à mettre en place et qui se fait déjà par plusieurs collègues est d’autoriser les élèves volontaires pour utiliser leurs propres téléphones (peut-être pas TOUS les téléphones mais un par groupe de travail par exemple). L’intérêt se situe bien sûr pour les “progrès sportifs” mais c’est surtout les apprentissages sociaux et méthodologiques qui m’apparaissent favorisés et à “didactiser” !
Le prof dit lui-même que ses élèves jouent un peu le rôle de prof, c’est là le coeur de la problématique : comment agir efficacement pour éduquer, former, instruire (apprentissages sociaux, méthodo et disciplinaires) avec un prof pour 32 élèves en moyenne à Fénelon par exemple ? Le plus important me semble donc se situer dans les contenus d’enseignement liés aux élèves coach :
– Comment et quoi observer, que dire et comment ?
– Quelle démarche pour conseiller ? (par exemple la règle des 3 C : faire un Constat, identifier une Cause et donc en Conséquence, délivrer un Conseil)
– Quand et comment réguler l’activité (avant/pendant/après l’action et si c’est PENDANT, j’interviens par la voix, le geste ?
– Quel mot employer ? Quel geste efficace faire ?
L’action de l’enseignant se tourne désormais non plus vers les élèves pratiquants mais essentiellement vers les élèves “coach” ou “prof” ! En plus de la lecture de ton article sur la classe inversée, je me rends compte que l’inversement n’est pas uniquement le fait de donner le cours AVANT qu’il ne se déroule mais il peut se situer dans le “côte à côte” avec à tous moments plusieurs profs dans la classe. Ca ressemble à mon projet de classe où je suis PP en 6ème F : “Faire du fonctionnement de votre classe celui d’une véritable équipe” que j’essaie d’opérationnaliser en EPS par exemple avec la systématisation du rôle de coach qui est devenu la “pierre angulaire” de mon enseignement. Cela me permet de lier l’aspect “moteur” avec le social et la méthode.”
Et Christian Ciabrini, prof d’EPS à Nazareth, Nice commente également :
“Je rejoins mon collègue de Fénelon dans son analyse très juste .
Il faut à mes yeux une sacrée logistique (surtout la connexion wifi dans le gymnase, la piscine…) mais je pense que nous ne pouvons faire l’impasse du numérique aujourd’hui . Bien qu’un cadre soit absolument indispensable surtout dans l’utilisation des téléphones portables. L’utilisation des tablettes est à mon avis plus sûre. Cette initiative est très intéressante car elle montre d’un part l’intérêt des élèves pour reconnaître et corriger leurs erreurs dans les différentes situations d’apprentissage et d’autre part une plus grande collaboration entre eux. Je parlerais plutôt en citant J.A Méard de “co-évaluation”.
Enseigner en touchant à la fois les auditifs (explications des consignes et des critères de réussites et de réalisations), les visuels (format vidéo) et les kinesthésiques (reproduire l’action dans l’immédiat par ces feed back très rapides) est ce que je m’efforce de faire au quotidien. Cela me semble vraiment formateur pour tous les types de public dont ceux à besoins éducatifs particuliers.”