“Notre école est l’une des moins positives du monde ; elle ne libère pas la créativité des enfants et les conduit à un pessimisme qui peut ensuite durer toute la vie. C’est une chose importante à changer : les enfants doivent retrouver à la fois confiance et sens de l’effort, savoir que tous peuvent apprendre…”
Bonne lecture, bonne semaine.

Passionnante cette émission “promotion” d’une trentaine de minutes avec Stanislas Dehaene.
Passionnante malgré mes désaccords avec certains de ses propos. Dire rapidement, sur une antenne de radio que les enfants ne sont pas différents, c’est un sacré raccourci ! Les profils cognitifs seraient des neuromythes.
Heureusement, il se rattrape un peu (tout en se contredisant, je trouve) en évoquant la multimodalité (Combinaison de plusieurs modalités et moyens de formation mis à disposition auprès d’un apprenant pour lui permettre de réaliser son apprentissage dans les meilleures conditions possibles, en termes de lieux, de temps, de supports et d’outils numériques.) et les démarches pédagogiques qui facilitent l’engagement actif et l’apprentissage.
Heureusement, il évoque avec sincérité des sujets qui sont chers à beaucoup d’entre nous, la liberté pédagogique, mais avec une formation sans cesse réactualisée (du côté des enseignants, comme du côté des formateurs), l’indispensable coopération à mettre en oeuvre dans les apprentissages, le statut de l’erreur, la diminution des cours magistraux, la prise en compte des élèves en situation de handicap, l’école inclusive et les aménagements aux examens, la confiance (je dirais bien l’espérance) en l’enfant et en ses capacités. Passage intéressant autour de la métacognition que Stanislas Dehaene met à l’honneur.
Ce sujet occupe tout un chapitre dans son ouvrage, collectif d’auteurs. Les deux premiers étant consacrés aux manuels scolaires et aux évaluations nationales de CP/CE1. Il met également en avant l’absolue nécessité pour l’éducation nationale de se pencher davantage sur la pédagogie que sur les programmes, ce qui n’est pas le cas ces dernières années, c’est le moins que l’on puisse dire !
Alors, me direz-vous, de quelles sciences parle-t-on dans cet ouvrage dont Stanislas Dehaene vient faire la promotion en ce samedi matin 25 janvier ? Des neurosciences cognitives, bien sûr ! “La recherche sur les mécanismes cognitifs et cérébraux des apprentissages a produit des résultats majeurs ces vingt dernières années.
Mais la clé de toute pédagogie, ce sont les enseignants.”  

Dérangeant, passionnant, questionnant… la présence des 3 journalistes apporte le débat, heureusement ! A écouter, ou à regarder. A partir de la 23 ième minute.

Sur le même sujet, un article intéressant,  dans le Point, ici.

 

Je vous propose de compléter cette exploration par l’excellent ouvrage de Dominique Bucheton, les gestes professionnels dans la classe, chez ESF Sciences Humaines, collection dirigée par Philippe Meirieu :
“Dans cet ouvrage, Dominique Bucheton démontre que transmettre les « savoirs fondamentaux » n’est possible qu’en éveillant la liberté de penser, en suscitant le goût d’apprendre ensemble et la volonté de prendre soin du monde. Pour elle, tout enseignant, à travers ses postures et dans le moindre de ses gestes, exprime un ensemble de préoccupations et de valeurs qui confèrent à son enseignement tout à la fois son crédit, son sens et sa portée. C’est pourquoi les gestes professionnels sont porteurs, simultanément, de technique et d’éthique.”

Entre les deux, mon coeur balance ? Point du tout ou plutôt plus du tout. Il serait vain de nier l’avancée des connaissances sur le cerveau et leur impact sur notre pédagogie, tout autant que d’oublier que nos choix pédagogiques et didactiques, nos postures, nos gestes, nos paroles “disent quelque chose” des valeurs humanistes à transmettre et faire vivre en nos classes.