En ce début d’année scolaire, les injonctions ne manquent pas. L’école est redevenue, après une pause estivale, le principal sujet de discussions passionnées, de heurts, de souffrance parfois, mais aussi de joies, dans les familles, chez les enseignants, dans les médias… Les textes ministériels fleurissent, les réformes se succèdent, les profs se mettent “à la page”, qui des nouveaux programmes, qui du nouveau bac, qui encore des livres numériques. Les parents s’informent, échangent, s’inquiètent, interrogent, stressent (ou pas) et les petits enfants observent, intrigués, toute cette agitation… Ils sont des personnages importants, ces petits, on parle d’eux tout le temps en ce moment… Même à la télé ! Pas de panique, l’agitation médiatique va se tasser… les municipales arrivent ! 😉
Intéressant de faire le tri dans tout ce qui se dit, j’ai repéré fin août, sur France inter, une émission tout à fait intéressante “Comment bien motiver ses jeunes pour une rentrée réussie ?”
Avec pour invités,
- Philippe Hindré, spécialiste de la motivation scolaire et auteur de « Réussir à l’école avec moins de stress et plus de plaisir » (ed. Hachette) ; ouvrage plutôt destiné aux parents.
- Brigite Prot, psychopédagogue.En parallèle, la très bonne revue “Sciences Humaines” s’intéresse à la réussite à l’école, avec un sous-titre un peu provocateur : “Comment devient-on un bon élève” ?
Ne ratez pas l’excellent article de Jeanne Siaud-Facchin, dont “Accueillir les Différences vous présentait le livre et une interview en novembre 2018 dernier.
Repérer les besoins des élèves est une des grandes missions des enseignants spécialisés, mais pas que … Le numéro d’équilibriste (passionnant, je trouve) est de croiser les besoins repérés avec les attendus scolaires définis par les textes, et la nécessaire vie d’un groupe-classe, autour d’un projet commun… L’enjeu est de taille ! Cette année encore, le ministère de l’Education Nationale a instauré des évaluations dans les classes de CP, CE1, 6ème et 2nde. Vous vous souvenez certainement du tollé qu’elles avaient provoqué en 2018. Pour les avoir étudiées avec attention (elles sont parues sur eduscol depuis une bonne semaine), je les trouve mieux ciblées et plus “intéressantes”. Certaines situations mathématiques pour les CP me laissent un peu perplexes, mais si l’intention est bel et bien de repérer les besoins des élèves et de mettre en oeuvre les réponses pédagogiques adaptées, alors, cela devient un outil plus qu’intéressant. Le pire serait vraiment de ne rien en faire…Il me semble également que c’est l’occasion d’observer la mise en action chez nos élèves des fonctions exécutives que sont l’attention, la mémoire de travail, l’organisation/planification, l’inhibition et la flexibilité. Fonctions à développer, consolider, à entrainer, à exercer à travers de multiples activités dans tous les domaines.
Pour les enseignants encore un peu novices dans ce domaine, voire un peu déconcertés, j’ose un parallèle qui pourrait m’être reproché par “les puristes des neurosciences cognitives” : ces fonctions exécutives pourraient être “les compétences transversales” des programmes des années 2000.
Dans toutes les disciplines, mais aussi dans les relations sociales, dans la vie de la classe, et hors classe, les élèves les sollicitent. Les rend-on visibles ? explicites, et ce, afin de les “entrainer”, renforcer, consolider, “nourrir”. Avec ce que l’on sait aujourd’hui de la plasticité cérébrale et du développement du cortex pré-frontal jusqu’à l’âge de 20/25 ans, il me parait essentiel de les prendre en compte dans la conception de nos séquences d’apprentissage. Pour tous les élèves, et en particulier pour les élèves avec des troubles d’apprentissage.
Le sujet vous intéresse, vous avez envie d’aller plus loin.
➡ Un billet de Juin 2018 “Comprendre les fonctions exécutives”, avec illustrations images, texte et vidéo dans “Accueillir les différences”, ici.
➡ Un excellent article chez TA à l’école, avec texte, schéma et vidéos.
➡ Un billet avec quelques ressources vidéo, chez Céline Alvarez… Lecture gênée pour moi, par les pubs, mais contenu vraiment intéressant pour nos collègues de maternelle. C’est là.
Un dossier complet à télécharger, une vraie ressource claire et complète, de l’état actuel des connaissances, bien sûr.
➡ fonctions exécutives
Rien de tel que le jeu pour le développement des fonctions exécutives, vous pouvez sans hésiter aller regarder du côté de Hoptoys, mais aussi recycler les jeux de société “de quand vous étiez enfant”. Mais, même si le plaisir du jeu et de l’interaction doivent rester premiers, je vous invite à les regarder ces “petits chevaux, devine-tête, cluedo, bataille, Uno……” avec vos lunettes “FE” (fonctions exécutives”), et là, c’est fou comme vous allez faire des liens !
Cet été, j’ai appris à jouer à la bataille Corse, vous connaissez ? Il est présenté comme un jeu qui sollicite les réflexes et la concentration. Réflexe, réflexe, oui, bien sûr, mais surtout inhibition et flexibilité !! Voyez plutôt, quand un 10 est sur la table, vite, il faut taper. Mais il faut taper aussi quand un roi succède à une reine, ou inversement. Mais aussi quand une carte est “encadrée” par deux cartes identiques… Sinon, il ne faut pas taper… Inhibition et flexibilité, venez à mon secours, car si vous tapez à mauvais escient, vous êtes pénalisé… Trop bruyant pour être fait en classe, il serait intéressant de trouver des gestes plus “silencieux” pour pouvoir le placer dans un atelier “jeux de société”.
Cortex, challenge. Faites un sondage dans votre classe, vous verrez, beaucoup d’élèves le connaissent.
Un incontournable vraiment bien pensé. On ne s’en lasse pas.. Il est dit dans la règle, “rassemblez les 4 morceaux du cerveau permet de gagner”, je remplacerais “morceaux” par “lobes”, non ?
Retrouvez ici (chez nos amis québécois), une sélection tout à fait pertinente, avec de nouveaux liens à explorer… Prenez garde, vous risquez de vous y perdre ! Retrouvez également sur “Accueillir les Différences”, un billet de septembre 2017, “Apprendre à jouer, jouer pour apprendre”.
Je n’oublie pas bien sûr tous les jeux d’extérieur dans la cour de récré, en EPS, ou encore mieux, en forêt. Ils mobilisent et entrainent concentration et attention, entraide et empathie et permettent à des enfants parfois cantonnés à l’intérieur, de bouger, de libérer leur énergie, d’apprendre à la canaliser et de débrancher des écrans…
Toutes ces propositions peuvent trouver leur place dans nos enseignements et nos programmes. Ce n’est pas une perte de temps, bien au contraire… c’est même plus que jamais une réflexion à mener en équipe, dans le cadre de l’Ecole Inclusive et de la Conception Universelle de l’Apprentissage.
L’attention, l’une des fonctions exécutives dont je parlais plus haut, est très souvent au coeur des préoccupations des enseignants. “Accueillir les Différences” a déjà longuement parlé du programme Atole, initié, créé, pensé par Jean-Philippe Lachaux, et son équipe. De très nombreux établissements du diocèse de Nice se sont lancés dans l’aventure de la formation à l’attention, où tous les possibles pédagogiques sont explorés.
Le site est désormais ouvert et fonctionne. Vous pourrez y télécharger le kit Atole, après vous être inscrit. C’est là.
Allez, bonne semaine, et puis, “Faites vos jeux, rien ne va plus”..
Et pourquoi pas entre deux épreuves d’évaluations… 😉
Vidéo à retrouver ici, avec tout plein d’autres films d’animation…