Paris, 07 et 08 mars 2017… Près de 300 personnes se pressent au Lycée Diderot (19ème). Acteurs de terrain, chercheurs vont se rencontrer et échanger pratiques de classe et expérimentation. Statistiquement, les pays qui pratiquent cet échange entre classe et chercheurs sont ceux dont les élèves réussissent le mieux dans les tâches scolaires. Jean-François Chesné nous le redit en introduisant la conférence de consensus. Allons-y pour 2 jours et pas moins de 18 conférences (format court, 30 minutes…), mais quand même !!
Dix heures passées de quelques minutes, Jean-François Chesné ouvre la conférence, accompagné de Jean-Marie de Ketele qui en est le président. Le ton est donné pour redire combien ces allers-retours entre recherche et terrain sont importants voire fondamentaux. La différenciation pédagogique est une injonction ministérielle nous dit également Jean-François. Je rajouterais, raison de plus pour se l’approprier et en observer les effets, l’impact sur l’apprentissage, la motivation des élèves. Tous ou presque nous l’ont dit. On manque de recul pour analyser les effets de la différenciation pédagogique. De ce fait, chaque intervenant va présenter “un petit bout” de recherche (petit bout fort intéressant, le terme n’est pas péjoratif, petit bout qui souvent a nécessité de nombreuses années d’expérimentation) ; rude alors sera la tâche du jury d’en faire la synthèse avant de rédiger des préconisations. Je vais tenter l’exercice, non pas de rédiger des recommandations, mais de mettre en lumière les propos qui me paraissent les plus éclairants pour nos pratiques de classe. C’est donc avec “mes filtres” et “ce que je suis” que ce billet est rédigé. Rassurez-vous l’intégralité des conférences est déjà disponible sur le site du CNESCO… Peut-être avez-vous pu suivre également certaines d’entre elles en direct depuis chez vous ou pourquoi pas en présentiel, n’hésitez donc pas à réagir à ce billet par le biais des commentaires.
C’est finalement, en prenant un peu de recul, un “catalogue” de “bonnes pratiques pédagogiques” et de ce qu’est un apprentissage efficace et durable pour tous qui nous a été transmis tout au long de ces deux jours. En effet, pour nombre des conférenciers sollicités par le CNESCO et l’IFE, la différenciation c’est tout “simplement” prendre en compte la diversité des apprenants dans nos propositions pédagogiques. On est un peu loin des groupes de besoins, de niveau, d’intérêt pensés et développés (mais aussi expérimentés) par Philippe Meirieu ou Philippe Perrenoud. Néanmoins, Philippe Meirieu dans une très belle conférence évoquait largement ces “moments pédagogiques” qu’il nous faut saisir, suspendre notre enseignement pour écouter l’autre pour tenter de comprendre sa façon de penser et adapter la nôtre.
Toutes les conférences ont été menées de manière à ce qu’un “objet, une idée, une astuce, un concept, un modèle, des convictions pédagogique(s)” sur l’acte d’enseignement/apprentissage enrichissent ou constituent
la trousse de l’enseignant soucieux de tous ses élèves.
💡 De l’enseignant conscient de l’éloignement de certains des attendus scolaires et de la nécessaire explicitation, du modèle de la “réponse à l’intervention pédagogique (RAI), chère à Clermont Gauthier ou le modèle du Soutien au Comportement Positif (SCP) AtelierSCP-Enseignement efficace
💡 De l’enseignant désireux d’intégrer les nouvelles technologies et/ou la classe inversée (passionnantes interventions de Marcel Lebrun et Franck Amadieu).
💡 De l’enseignant qui espère un jour pouvoir co-enseigner (brillante intervention sur le co-enseignement de Philippe Tremblay ; des pistes à prendre pour améliorer nos co-interventions)
💡 De l’enseignant qui se demande quels sont les différents types de différenciation dans la classe et qui craint de stigmatiser les élèves “fragiles” (Alexia Forget rappelle les postulats de Burns, le nécessaire étayage/désétayage et la “table d’appui” qui n’invite pas que les élèves en difficulté)
💡 De l’enseignant qui s’interroge sur ses postures, et sur celles de ses élèves (Magistrale intervention de Dominique Bucheton)
💡 De l’enseignant qui souhaite passer du “simple” travail de groupe au travail en coopération (exposé très clair de Céline Buchs sur les effets plus que positifs d’apprendre à coopérer et de coopérer pour apprendre)
💡 De l’enseignant qui veut mieux comprendre ce qu’est la théorie de la “charge cognitive” (synonymes : empan mnésique, ressources attentionnelles, mémoire de travail), riches et instructifs propos de André Tricot
💡 De l’enseignant qui a besoin de faire le point sur ses pratiques, sur sa formation. Linda Allal et Benoit Galand en parlent avec précision, et même si les propos de Benoit Galand sont très déstabilisants, ne les ratez pas !
Il serait vraiment dommage de perdre de vue l’aspect incontournable de la prise en compte de la diversité des élèves dans les processus, les productions, les aspects psychoaffectifs et socio-culturels, cela pourrait être le risque si l’on prend ces interventions “en linéaire”. C’est pourquoi je m’attelle à la tâche de “les tricoter”, de les faire se répondre, voire de s’opposer afin d’affiner encore le concept et sa mise en oeuvre… C’est certainement à cela que les membres du jury ont consacré leur fin de semaine (et plus si affinité !!) pour rédiger des préconisations “articulées”… A découvrir fin mars !
En attendant, découvrez les 30 préconisations du CNESCO pour améliorer l’éducation en France. Vraiment intéressant en cette veille d’élections !!