Programme passionnant, conférence gratuite, 2 jours de “nourriture” péda… à Paris, au lycée Diderot, dans le 19ème arrondissement. Jean-François Chesné, Directeur Scientifique du CNESCO nous en dit plus…
La conférence est complète néanmoins vous pouvez la suivre en direct, en vous inscrivant. C’est ici.
Organisée par le CNESCO, cette conférence ne manquera pas de vous interpeller, voire même de vous séduire… De grands noms de la pédagogie de Suisse, du Canada, de Toulouse, d’Aix-Marseille, de Belgique seront présents, ils nous livreront leurs éclairages à partir des questions posées par un jury “citoyen” qui a travaillé en amont. L’idée originale est que les travaux de recherche qui sont présentés puissent trouver sens au coeur de la classe. En effet, trop de distance encore entre “la théorie et la pratique” nous disent les enseignants, ou encore “ça se voit qu’ils ne sont pas dans les classes !”.
“Afin de construire le programme de la conférence de consensus au plus près des attentes des acteurs de terrain, le Cnesco et l’Institut français de l’éducation (Ifé/ENS de Lyon) ont sollicité les acteurs de terrain via un questionnaire en ligne pour mieux connaître leurs interrogations sur la différenciation pédagogique mais également leurs pratiques au quotidien et les besoins qu’ils rencontrent en la matière. Près d’une centaine de répondants (enseignants, chefs d’établissement, inspecteurs…), répartis dans 22 académies, ont renseigné le questionnaire.”
➡ Article à lire sur le Café Pédagogique
➡ Inscrivez-vous, ici (conférence gratuite).
Jean-François Chesné, directeur scientifique du CNESCO s’est prêté au jeu de nos questions avec gentillesse et efficacité. Un grand merci, Jean-François !
Jean-François Chesné, vous organisez cette conférence de consensus à propos de la question de la différenciation pédagogique dont le programme est “alléchant” ; ce sujet est polémique depuis bien longtemps et malgré les diverses injonctions ministérielles, on a l’impression que l’enseignement magistral perdure… Qu’attendez-vous de ces deux journées ?
Cela fait effectivement longtemps que les enseignants entendent parler de différenciation pédagogique. Pourtant, lorsque le Cnesco leur a donné la parole à travers un questionnaire en ligne, en amont de la conférence organisée avec l’Ifé/ENS de Lyon, ils ont exprimé beaucoup d’interrogations, très concrètes et pragmatiques. Ils s’interrogent sur les différentes pratiques de la différenciation, sur le partage entre les temps en classe entière, en petits groupes, en travail individuel…, sur l’inclusion des outils numériques. Mais au-delà des questions sur la mise en œuvre de la différenciation, les enseignants ont exprimé la nécessité d’objectiver les effets de la différenciation pédagogique sur les apprentissages, la socialisation des élèves, leur estime de soi, leur motivation. C’est à partir de ces attentes exprimées par les acteurs de terrain que nous avons construit le programme de la conférence.
Comment avez-vous “pensé” le programme ? On y lit une présence importante de la Suisse, de la Belgique, du Canada, est-ce à dire que ces pays mettent en œuvre des dispositifs différenciés qui font leurs preuves ?
La différenciation pédagogique n’est pas un champ de recherche en soi, et est rarement étudiée de manière empirique. Nous avons choisi, avec Jean-Marie De Ketele, président de cette conférence, de faire appel à une vingtaine d’experts français et internationaux afin d’apporter aux praticiens les résultats de la recherche les plus solides dans ce domaine. Nous allons donc commencer par définir la différenciation pédagogique et les différentes formes qu’elle peut prendre pour nous interroger ensuite son articulation avec le socle commun. Nous rentrerons au cœur du sujet à travers la collaboration entre les acteurs et l’articulation des différents moments dans la classe. La deuxième journée s’ouvrira sur la question des postures des enseignants et des élèves avant d’aborder le travail coopératif entre les élèves. Nous terminerons en identifiant quatre dimensions qui apparaissent comme des conditions de réussite pour la différenciation pédagogique : développer une bonne gestion de classe, bien appréhender les dimensions socio-affectives de la différenciation, connaître les facteurs didactiques à activer pour mettre en place une différenciation réussie et, évidemment, former les enseignants à la différenciation pédagogique.
Un jury composé d’enseignants, de conseillers pédagogiques, d’IEN… a préparé une série de questions à partir de grands axes proposés par le CNESCO. Sans trahir les secrets de vos séances de travail, avez-vous le sentiment que les pratiques différenciées se multiplient mais qu’elles restent encore un peu confidentielles ?
Tant dans le jury qu’à travers notre questionnaire, nous voyons clairement que beaucoup d’enseignants déclarent pratiquer et mettre en place de la différenciation pédagogique. Ces pratiques peuvent prendre différentes formes. Pendant le cours, les enseignants nous ont dit former des groupes d’élèves ponctuels, mettre en place un tutorat entre élèves, différencier les outils, les supports, le temps alloué à l’élève, etc. Certains proposent une complexification progressive des tâches ou pratiquent la classe inversée. Pendant la phase d’évaluation des élèves, des enseignants disent proposer du temps ou des exercices supplémentaires à certains élèves. D’autres développent l’autoévaluation au sein de leur classe. Enfin, le travail en équipe est également mis en avant par certains enseignants, sous la forme de travail en binôme, de personnel ressource spécialisé et de travaux interdisciplinaires.
Pour revenir au jury, il aura un rôle essentiel pendant les séances publiques des 7 et 8 mars. Les membres du jury vont auditionner et questionner les experts afin de produire, ensuite, à huis clos, les recommandations de la conférence. Ils pourront s’appuyer, pour cela, sur les résultats de la recherche qui leur auront été présentés, mais aussi, c’est tout l’intérêt, sur leur expérience de terrain, afin de proposer des recommandations concrètes.
Quelle sera la suite donnée à l’issue de ces deux jours ? Les recommandations du jury seront-elles associées aux documents d’accompagnement (notamment dans le cadre de la réforme du collège), comme cela a été le cas pour la conférence de consensus sur la numération ?
La Cnesco tient particulièrement à la diffusion des résultats des évaluations scientifiques. La prise en main de ces recherches par les acteurs de terrain, à travers la rédaction des recommandations, doit permettre cette diffusion au sein de la communauté éducative. Chaque formateur, chaque inspecteur, chaque conseiller pédagogique, chaque enseignant peut ensuite se faire le relais de ces travaux auprès de ses collègues. C’est comme cela que nous pourrons insuffler une dynamique de changement dans l’école française.
💡 et bien sûr la suite (épisode 4) de notre “feuilleton” sur la différenciation, c’est ici.