Tous les lundis entre 11 H 30 et 12 H 30, depuis la reprise des vacances d’hiver, entre 15 et 20 professeurs du collège, lycée Don Bosco à Nice planchent “de leur plein gré” sur différents thèmes de réflexions pédagogiques qui leur ont été proposés.
Remontons un peu le temps. Mi-janvier, tous les professeurs se retrouvent avec leurs équipes de direction autour de 2 thèmes importants : la réforme du collège et l’accueil de la différence. Par le biais des nouveaux dispositifs d’aide, de l’avancée des neurosciences et des intelligences multiples, les enseignants sont invités à questionner leurs pratiques pédagogiques. Une heure, c’est trop court. Juste le temps de sensibiliser, d’informer… pas la possibilité de creuser, et pourtant, de nombreux professeurs le souhaitent. Eric Feltrino (Directeur des Études des 4e DVM ; 3e APP ; DIMA et SLAM) m’informe de l’existence d’une heure hebdomaire où aucun professeur n’a cours. Cette heure “dégagée” peut être utilisée pour communiquer, travailler en équipe …En effet, le second degré n’a pas la chance d’avoir “les 108 heures annuelles” dédiées aux concertations, conseils de cycle, formations et aides personnalisées*. L’idée d’organiser des “ateliers du lundi” nait au fil de nos rencontres de travail avec Eric. Elle est lancée aux professeurs à la fin de la plénière de janvier et nous voilà partis !! Différentes thématiques sont proposées, chacune et chacun peut s’y inscrire à sa guise. Ainsi, nous avons approfondi les intelligences multiples, les différents troubles d’apprentissage et leurs indicateurs, le PAP et les différents plans d’aide, le lien entre approche par compétences et pédagogie différenciée.
Chaque lundi, un dispositif différent est proposé afin de varier les approches et tenir compte des profils d’apprentissage ; on découpe, on colle, on débat, on coopère, on échange…, on lit, on surligne, on classe, on catégorise…
Et de retour chez soi, chacun peut approfondir avec des documents numériques envoyés par courriel (power point, lectures, schémas, liens de vidéos….)
L’ambiance est détendue, la coopération est réelle même si l’on s’aperçoit qu’il est difficile de prendre en compte les différents profils d’apprentissage au sein d’un petit groupe et combien il est important d‘en avoir conscience lorsque nous sommes avec nos élèves. Au menu des prochains ateliers, “évaluer sans noter” et une deuxième séance sur le livret du PAP (à la demande générale !)
Je ne peux que remercier L’équipe de direction de Don Bosco, et en particulier Eric Feltrino de permettre ainsi ces temps d’ateliers, et bien sûr les professeurs impliqués, investis et surtout convaincus que l’on peut “penser sa classe autrement qu’en magistral” pour permettre à tous d’apprendre, quel que soit le chemin emprunté et quels que soient les obstacles.
* (60 heures d’aide personnalisée, dont 36 heures d’activités pédagogiques complémentaires auprès des élèves et 24 heures de travail pédagogique dans le cadre du projet d’école ; 24 heures consacrées au travail en équipe, aux relations avec les parents et au suivi des élèves handicapés ; 18 heures consacrées aux animations pédagogiques qui seront davantage axées vers les actions de formation continue, notamment dans le cadre de formations à distance sur supports numériques ; 6 heures consacrées à la participation aux conseils d’école)
Marie Bascou, responsable pédagogique du collège témoigne :
“Notre métier d’enseignant se transforme depuis quelques années. A l’aube de la réforme du collège, nous souhaitons réajuster nos pratiques et réussir un accueil bienveillant de chaque enfant qui nous est confié, quelles que soient ses capacités ou ses difficultés. Les troubles d’apprentissage, présent au sein de chaque groupe classe, viennent nous inviter à changer notre regard, et à passer du groupe classe à l’individu. Afin que les projets d’accueil ne se limitent pas à la simple signature d’un document officiel, l’accompagnement d’Anne Valentin nous permet, avant toute chose, de mieux comprendre ce que ressent un élève atteint de troubles d’apprentissage. Que se cache derrière le mot dys ? Au-delà des définitions, nous apprenons peu à peu à mieux percevoir la vie d’un élève en difficulté, en espérant, au fil des semaines, réussir à devenir de véritables accompagnateurs.”
Alexandra, professeur de lettres-Histoire en lycée professionnel rajoute :
“Cet atelier est une aubaine extraordinaire pour nous. Le champ des neurosciences vient à nous pour nous éveiller, grâce à la connaissance des intelligences multiples notamment, à des pratiques plus innovantes. Les réflexions menées dans cet atelier nous conduisent inévitablement à repenser notre enseignement pour utiliser des outils pédagogiques plus adaptés, un vrai choc parfois ! De même, Anne Valentin est revenue sur les troubles de l’apprentissage, nous permettant de les (re) découvrir, de toucher du doigt des points qui m’étaient inconnus. Je comprends maintenant à quel point cette connaissance est essentielle pour être à l’écoute de nos jeunes, ces fameux « DYS” que nous avons souvent bien du mal à comprendre… Je ne porte plus le même regard sur Oualid depuis ces ateliers, dysorthographique, dyslexique et dysgraphique, j’ai pu repenser quelques aménagements avec lui. Je lui ai d’ailleurs donné la parole pour qu’il explique aux autres ce qu’était la dysgraphie, un beau moment de partage. La semaine dernière, nous avons bien ri en classe quand Maxime, dyscalculique, a dû s’y reprendre à quatre fois pour nous dire combien il avait de frères et soeurs. Quand on connait mieux, on n’ignore plus, on nomme, on parle et ce n’est plus un tabou. C’est sûr, cet atelier a vraiment changé mon regard sur ces troubles que nous banalisons et côtoyons, à tort, comme des amis de longue date”.
Valérie est coordinatrice des classes à horaires aménagés, elle s’occupe de l’accueil, du suivi scolaire et des relations avec les familles et les clubs des jeunes sportifs avec F. Coduys qui fait partie de l’équipe de direction. Elle s’exprime à son tour :
Pour ma part je suis la formation proposée par la DDEC « Accueillir et accompagner tous les publics dans un contexte d’école inclusive » qui a pour objectif la prise en compte de la différence pour un meilleur accueil des enfants, des jeunes qui nous sont confiés quelles que soient leurs difficultés, leurs troubles, leurs handicaps. Le but étant au terme de la formation, de mutualiser nos moyens, nos connaissances et nos pratiques afin de créer un réseau de personnes ressource au sein de l’enseignement catholique avec l’accompagnement d’Anne Valentin, coordonnatrice du projet diocésain pour l’accueil des différences. C’est par le biais de ces « ateliers du lundi » proposés à mes collègues de Don Bosco que nous pouvons avoir ensemble des temps de travail autour des différentes thématiques sur les troubles d’apprentissage. Grâce à son énergie positive et son savoir sur le sujet, Anne nous aide à repenser notre méthode d’accompagnement et à mieux comprendre ces troubles qui affectent nos élèves.